John Chris est un artiste aux multiples facettes, un exemple patent pour tous ceux qui doutent encore de la richesse culturelle de ce beau petit bout du monde qu'est le Burundi. Auteur-compositeur et interprète, John est aussi le capitaine ?chorégraphe de la troupe des tambours du Burundi, un groupe bien connu en Europe et tout particulièrement en Belgique sous le nom de Sabo Drummers.

Né en 1973 à Bujumbura dans une famille modeste, il est plein de bon sens et de sagesse. La musique ! Il y tombe dès son jeune âge. Comme tous enfants de son pays, il bricole déjà - après les classes et jours de congé - les guitares à l'aide de bidons d'huile usés et du fil de pêche mais surtout conçoit des batteries à partir des boîtes de lait et du caoutchouc. "J'étais très curieux, cherchant à tout comprendre, à apprendre et découvrir d'autres horizons. C'est mon tempérament." insiste-il . Formé et initié par les grands-maîtres du tambour de Giheta, il acquiert très tôt la maîtrise de cet instrument. Il ne manque d'assimiler l'histoire et le langage corporel de la danse et des tambours.

Il découvre la scène grâce au groupe Imboneza de Buja où il fait montre de ses talents de danseur-chorégraphe. Au début des années quatre-vingts, il intègre le mouvement scout avec le totem de Daim Habile. Il participe à plusieurs tournées dans des écoles à travers Burundi avec un groupe de jeunes. Après ses humanités au collège du Saint-Esprit à Bujumbura, il s'envole pour la Belgique pour y poursuivre des études supérieures de chimie tout en se consacrant à sa passion : la musique.

Dans le souci de s'adresser à un plus large public, il écrit et chante en Kirundi, langue nationale de son pays natal. Son premier album Garuka (Reviens) sorti en 1998 est une belle symbiose des douces mélodies des Grands lacs et les sons d'ailleurs. Depuis 1997, il joue aux côtés de quelques grands noms de la scène internationale à l'instar de Khadja Nin, Axel Red, Jef Bodart et bien d'autres. Garuka décrit la vie avec son lot de souffrances au quotidien et d'amour au travers des mots forts, des verbes savamment choisis dont il a seul le secret.

John Chris a su négocier jusqu'ici la jonction de la pop music et les rythmes traditionnels burundais. Le titre Igisiga avec lequel il enflamme les jeunes de son pays le montre bien. L'?il étincelant, il exprime dans l'argot de rue les rêves et les galères de la jeunesse burundaise.

L'album Dunia qui est le prolongement du précédent, participe de la volonté de son auteur de se tailler une place importante sur l'échiquier international.

Simon Moussi
COULEURS LOCALES