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Géopolitique africaine N°43

Rio+20 : L'Afrique et la nouvelle économie
  • Géopolitique africaine N°43
Genre : Revue
Revue : Géopolitique africaine
Pages : 270

Année : 2012
Rubrique : Littérature / édition

A l'origine, la différence entre l'espèce humaine et les autres, est la fragilité de la première, face à la nature. Afin de survivre, l'homme, dès la nuit des temps, s'est évertué à se créer un milieu artificiel. Pour se nourrir, il a fait produire la terre, il a sondé les rivières, les fleuves et les océans. Grâce aux sciences et aux technologies, il a graduellement vaincu l'hostilité de la nature, il a fait reculer les forêts, a redessiné les espaces, s'est créé des environnements adaptés à lui-même. Le chauffage a rendu la vie possible dans les milieux les plus froids, le réfrigérateur et la climatisation lui ont permis non seulement de survivre, mais de vivre dans les climats désertiques. Il a puisé dans le sol et le sous-sol des ressources énergétiques qui ont multiplié de manière phénoménale sa puissance sur la planète. Mais dans son entreprise effrénée à dompter l'environnement, l'homme ne risque-t-il pas d'atteindre le point de rupture, n'est-il pas à la veille d'une autre menace : la mort de notre poule aux œufs d'or ?
Il y a déjà belle lurette que des philosophes ont sonné l'alarme. Rousseau et d'autres. Nous haussions les épaules. Le fait nouveau est que la sensibilité écologique a gagné de nombreux milieux et que les politiques se sont trouvés contraints de l'intégrer dans leurs programmes.
Du 20 au 22 juin, le Brésil accueillera à Rio de Janeiro la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, plus communément connue sous la dénomination de Rio+20. Près de deux cents chefs d'État et de gouvernement feront le déplacement afin de célébrer le vingtième anniversaire du Sommet mondial qui s'est tenu à Rio en 1992, ainsi que le dixième anniversaire de celui qui a eu lieu, dix ans plus tard, à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Les participants chercheront à renouveler un engagement politique mondial en faveur du développement durable, à évaluer les progrès réalisés, à identifier les lacunes, à élargir les termes d'un consensus universel en emmenant sur une position commune d'une part certaines grandes puissances, d'autre part certaines nations émergentes qui, pour des raisons différentes, avaient marqué leurs réserves, voire leur désaccord sur certains points.
Le Sommet de la Terre de 1992 s'était tenu à une époque caractérisée par une dérégulation économique, le resserrement des budgets publics, la réévaluation des politiques sociales, et la fin de la guerre froide. Dix ans plus tard, le Sommet de Johannesburg se réunissait à un moment où l'euphorie liée à la croissance économique rapide et au dynamisme du secteur privé allait de pair avec la prépondérance d'un modèle de gouvernance axé sur le rôle restreint de l'État et les accords de partenariat public-privé.
Le deuxième Sommet de Rio va se dérouler dans un contexte différent. La dernière décennie a mis en évidence un écart important entre les déclarations politiques de Rio I, de Johannesburg, et la prise de décisions liées à la mise en œuvre par les gouvernements et les entreprises.
Rio+20 va se tenir à un moment où le monde est confronté aux multiples défis macro-économiques et politiques, et à des processus de dérégulations où l'on ne sait plus qui maîtrise quoi, au nom de quoi, en vertu de quelle légitimité. De nouveaux défis sont à l'ordre du jour : intégration des marchés globaux, poids des évolutions démographiques, mobilité humaine accrue, urbanisation irrémédiable, changements climatiques ; remise en cause de l'efficacité de la dérégulation ; impuissance des institutions publiques au pouvoir incontrôlé et illégitime des institutions financières privées ; inégalités sociales croissantes qui font peser une menace sur la vie démocratique ; expansion de nouvelles technologies de l'information et de la communication avec des impacts encore mal connus, mais certains, sur les opinions ; importance des nouveaux réseaux sociaux ; apparitions de nouvelles sensibilités et de nouvelles visions de la démocratie ; désirs d'émergence de nouveaux acteurs, de nouvelles puissances et coalitions affectant les relations de pouvoir tant au plan national qu'international ; impasses de plus en plus répétées dans les négociations multilatérales…
Ce numéro de Géopolitique Africaine donne la parole à des chercheurs qui, à la veille d'un Sommet, qui suscite autant d'espoir, de craintes que de préventions, questionnent, interpellent et quelquefois proposent des perspectives.
Le débat ici esquissé ne saurait bien sûr être clos.
Il faudra le rouvrir, le poursuivre, notamment au vu des résultats de Rio+20.

Henri Lopès

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