Abdelkader Ould Abderrahmane (ولد عبد الرحمان كاكي), dit Abderrahmane Kaki (1934-1995), est l'une des grandes figures du théâtre algérien des années soixante et soixante-dix. Metteur en scène et auteur, né à Mostaganem, il fait ses classes dans le théâtre amateur, devient instructeur d'art dramatique et fonde sa propre troupe en 1958. Il est le grand frère du comédien Mazouz Ould-Abderrahmane.
Durant cette période, il adapte et met en scène Plaute, Carlo Gozzi, Eugène Ionesco et Samuel Beckett, avant de monter Avant-théâtre qui regroupe trois de ses propres textes.
Il est également administrateur de théâtre et directeur de troupe et s'illustre, entre 1962 et 1977, avec une dizaine de pièces. 132 'am (132 ans) en 1962, Ifrikya qabla I (Afrique avant I) en 1963, et la reprise de Diwan el-garagouz en 1965, sont de grands succès.
Fin connaisseur des travaux de Stanislavski, Craig, Meyerhold, Piscator et Brecht, tout en se cherchant une voie esthétique, Abderrahmane Kaki se préoccupe de langue, de travail d'acteur, de décor, de lumière, de musique et de rythme. "Engagé et didactique", selon l'universitaire Wadi Bouzar, son théâtre se nourrit aux sources d'un riche patrimoine oral.
Il sera ainsi le premier à investir les ressources de la forme traditionnelle de la halqa (ronde des spectateurs) autour du meddah (conteur) avec El-guerrâb ouas-sâlihîn (Le Porteur d'eau et les trois marabouts) en 1966 et une comédie satirique, Koul wahed ou hakmou (A chacun son jugement) en 1967.
Familier des peintres algériens, Kaki préface en 1964 une exposition d'Aksouh à la Galerie 54 dirigée par Jean Sénac, et Khadda réalise en 1974 les décors et costumes de sa pièce Beni kelboun présentée au Théâtre national d'Alger. Durant la première décennie de l'indépendance algérienne, il apparaît le créateur le plus actif et le plus en vue dans le domaine du théâtre, jusqu'à ce qu'un accident de voiture brise en 1968 son ascension.
Celui qui est considéré comme l'un des pères du théâtre maghrébin contemporain, a vu son travail et ses recherches distingués à Tunis, Le Caire et Berlin.
Abderrahmane Kaki devait décède le 14 février 1995 à Oran.