Aline n'est pas de Lima, au Pérou, mais de Caxias au Brésil. Elle est pourtant tout aussi indigène qu'un Indien Quetchua, une indigène de son temps. Aline de Lima est née en 1978, à la frontière du sertao, le désert intérieur brésilien porteur de tant de mythologies, dans l'Etat du Maranhao, terre de grande culture populaire, qui fut un temps française. Aline compose un répertoire enraciné dans cette terre. Bumba meu boi (danses expiatoire du b?uf Apis), quadrilhas (rondes de la Saint-Jean inspirées de la quadrille française), carnavals bons enfants, condomblés vaudous et mystiques : la capitale Sao Luis, surnommée au 19è siècle "l 'Athènes brésilienne", lui a fourni toutes sortes d'influences musicales, de rythmes. Et puis, un jour de 2001, exilée du Maranhao, elle décide sans retour qu'elle sera chanteuse.
Elle s'est d'abord planifiée un programme musical personnel, avec mise en musique de poèmes écrits depuis son départ du Brésil ? pour Stockholm ? en 1998, exercices de chant et apprentissage méthodique de l'histoire et du répertoire de la MPB. Arrangeur, saxophoniste, le Français Frank Rabereau veille au grain musical. Aline s'installe à Paris. Un premier enregistrement, de la scène, beaucoup (un passage au Satellit fin 2004), pas de calcul, de l'instinct d'enfant cigale, des propos de femme (elle chante Septembre, de Barbara, en français), jusqu'à sa rencontre avec Naïve? et l'élaboration de "Arrebol" (sortie prévue pour avril 2006). C'est un autre Brésilien du Nord, Vinicius Cantuaria, guitariste, chanteur, compositeur, vivant à New York, qui a produit ce dernier. Il y a invité certains de ses amis, dont le guitariste Marc Ribot, figure centrale de l'underground new yorkaise. Percussions fines, guitares travaillées, cordes soyeuses : tous se sont retrouvés au studio Shinebox, au c?ur de New York. Aline est gâtée. Elle aurait pu être gâchée. Mais l'idée de casser la légèreté de la chanteuse n'a pas effleuré l'homme expert : elle est ainsi intacte.